Aimer, c'est avant tout une décision

Fin 2017, j’ai reçu un sms de ma mère m’annonçant qu’elle a eu un accident de voiture. La voiture a fini en épave mais (Dieu merci !!!) elle s’en est sortie avec seulement quelques contusions. A ce moment, plusieurs questions ont fusé dans mon esprit. Et si les circonstances avaient été plus désastreuses ? Si elle avait été gravement touchée, hospitalisée, dans le coma ? Et si elle avait laissé sa vie dans cet accident ? Comment aurais-je réagi ? Aurais-je été en paix ? Les réponses à ces questions n’étaient pas du tout positives parce que je fais partie de ces jeunes qui n’accordent pas assez de temps à ses parents et qui ne se sont jamais fait violence pour leur dire « je t’aime ». J’aurais pu me justifier de toutes sortes de manières car, comme beaucoup de jeunes femmes, ma relation avec ma mère n’est pas des plus simples… Mais au fond, toutes ces raisons que j’aurais pu invoquer en valaient-elles vraiment la peine ? Non ! Aucune n’aurait pu ôter les regrets et l’amertume qu’on ressent quand il est trop tard pour bien faire. Pourtant à ce moment précis, je n’ai pris aucune décision pour que les choses changent. Je me suis simplement dit qu’il faudrait que je sois plus présente dans sa vie pour regagner sa confiance (mes choix d’adulte concernant la foi l’ayant énormément déçue). J’étais remplie de bonnes intentions mais concrètement, je n’ai rien fait, sans doute parce que ça me demandait beaucoup (trop) d’efforts. Je préférais me cantonner à ce que je faisais d’habitude : appeler ma maman minimum une fois par mois. C’était confortable.

 

Le temps est passé et nous sommes arrivés en 2018. Ma vie continuait tranquillement jusqu’à ce que je vois le film « Dieu n’est pas mort #2 ». J’ai pleuré de bonheur en voyant la solidarité et l’amour que se témoignaient les chrétiens entre eux. J’ai repensé à plusieurs situations similaires où j’ai été jugée ou ridiculisée à cause de ma foi. La plupart des personnes que je croyais être mes amis ont pris leurs distances. Après la phase d’incompréhension et sans doute de colère, ma mère a fait de même. Le reste de ma famille proche, même s’ils étaient gentils, avait un peu pitié de moi et me prenait pour une illuminée. A cette époque, j’ai eu le privilège d’être prise en charge émotionnellement et spirituellement par une petite église, notamment un couple de chrétiens qui m’a régulièrement accordé de son temps et a essayé de m’aimer comme ils ont pu des mois durant. J’ai réalisé que, comme avec ma mère, depuis que j’ai quitté cette église, je n’ai quasiment plus aucune relation avec ce couple. Pourquoi ? Parce que, comme pour ma mère, cela me demandait trop d’efforts de prendre des nouvelles. Là encore, j’aurais pu trouver beaucoup d’excuses valables. Mais en réalité, en valent-elles vraiment la peine ? Si je veux être honnête, je dois répondre : Non. Parce que si ces personnes disparaissent, je vais avoir beaucoup de regrets. La vraie question à se poser est : « Pourquoi est-ce si pesant pour moi d’entretenir des relations durables avec les personnes qui ont été le plus proches de moi ? ».

 

La réponse est simple : ces personnes en qui j’avais confiance m’ont offensée. Même si je leur ai pardonné, j’ai inconsciemment pris la décision de garder un maximum de distance possible pour ne pas leur laisser l’occasion de pouvoir recommencer. Ca aurait été justifié et tout à fait compréhensible si j’étais encore blessée. Mais ce n’est plus le cas. Je fais juste preuve de paresse relationnelle. Ce problème de paresse se retrouve en fait dans toutes mes relations (amicales, professionnelles…) pour une autre raison majeure : l’ingratitude. En effet, je prends trop souvent pour acquis les personnes de mon entourage et me permet de ne faire aucun effort pour les considérer, les honorer et les chérir. C’est seulement dans les situations graves (maladie, divorce, etc.) ou les fêtes de fin d’année que je me réveille. Et encore, c’est le cas, si par chance je prends des nouvelles au bon moment ou si la personne qui traverse des difficultés m’en informe ! Là encore, c’était inconscient : je le réalise en écrivant. Ce constat m’amène à une autre question : Pourquoi est-ce que j’ai cette attitude ? Encore une fois si je veux être honnête, je dois répondre : par nombrilisme ! Ce n’est pas glorieux du tout mais c’est la vérité. Je réalise que je suis beaucoup trop centrée sur moi, mes projets, mes besoins, mes objectifs, ma vie… Je vis en mode « Me, myself & I » et « Qui m’aime me suive ! ». Bien sûr, personne n’aime suivre une personne imbue d’elle-même… A part ça, je suis une fille sympa^^

 

Maintenant que le diagnostic est fait : à problème radical, mesures radicales ! Je veux changer cet état de fait. Je veux que les personnes que j’aime sachent que je les aime, en particulier mes proches. Je veux être Amour même avec ceux que je connais moins, même ceux qui me détestent, parce que c’est comme ça que je voudrais que n’importe qui soit avec moi. Bref, je veux aimer comme Dieu m’a aimée : intentionnellement ! Je ne faisais pas attention à Lui ; je L’ai méprisé intentionnellement à une époque ; je L’ai offensé à de nombreuses reprises : je L’ai trahi ; j’ai dit du mal de Lui ; je L’ai calomnié. Pourtant, Il a n’a jamais cessé de m’aimer et Il a toujours pris bien soin de moi, dans les moindres détails. Son amour ne dépendait pas de qui j’étais, de ce que je faisais ou des circonstances de ma vie. Dieu a simplement décidé de m’aimer quoiqu’il arrive. Cet amour intentionnel et persévérant a fini par toucher mon cœur, changer ma mentalité et ma vie. Si ça l'a fait pour moi, ça peut le faire pour d'autres.

 

Certains me diraient que c’est impossible. Je répondrais qu’avec un peu de bon sens et surtout l’aide de Dieu, tout est possible ! Je vous partage comment je vais m’y prendre concrètement pour remédier à ce problème relationnel.

1. Aujourd’hui, je prend la décision d’aimer mon entourage intentionnellement.

2. Je transforme cette décision en actes concrets :

  • Je fais une liste de mes contacts et je priorise : d’abord ma famille (parents, fratrie si je suis solo ou conjoint enfants si je suis mariée), puis mes amis (des plus proches aux copains), enfin mes collègues et mes connaissances. Pour chaque catégorie, je mets l’autorité en premier (mes parents si je suis solo ou mon époux si je suis mariée, mon chef ou responsable au travail par exemple).
  • Je m’intéresse à eux et j’essaye de comprendre à quel langage d’amour ils sont sensibles si je ne le sais pas encore : je trouve des stratégies pour arriver à mes fins car ce n’est pas toujours évident !
  • Je trouve des idées créatives pour exprimer mon amour d’une manière appropriée et qu’ils comprennent (cadeaux, temps de qualité, services, etc.)
  • Je m’engage et me discipline pour manifester cet amour régulièrement

3. Je veille sur mon cœur : je dois pouvoir faire cet exercice sans le vivre comme un devoir, même si c’est contraignant au début parce que ça bouscule mes habitudes. Si c’est pesant, c’est que quelque chose n’est pas réglé dans mon cœur ou ma façon de gérer mes ressources (finances, temps, énergie physique et émotionnelle).

4. Chaque mois, je fais le bilan pour voir si ça marche et éventuellement me corriger. Dans tous les cas, je persévère !

C’est ma stratégie pour entretenir des relations de qualité. Comme on peut le voir, ça coûte du temps, de l’argent, de l’énergie et de ses émotions. Un peu de bon sens montre qu’on ne peut pas faire ça avec tout le monde, ni au même degré. Il faut donc adapter ses efforts selon l’ordre de priorité et faire du tri dans ses relations car on ne devrait pas s’éparpiller. Pour ma part, je vais demander l’aide de Dieu à chaque étape car je sais pertinemment que le bon sens seul ne suffira pas. Pour celles qui le souhaitent, je serais ravie de pouvoir prier pour vous si vous avez ce désir de mettre en pratique cette démarche afin d’améliorer vos relations. Pour les autres, sentez-vous libres ;-)

 

D’autres diraient que c’est aussi aux autres de faire le premier pas ou les efforts. Mon expérience montre qu’attendre quoique ce soit (un déclic, une réaction, une épreuve, un drame…) pour commencer à aimer est risqué et une perte de temps monumentale ! D’ailleurs, en réalité, la démarche d’aimer profite plus à ceux qui la font qu’à ceux qui en bénéficient bien qu’elle ne soit pas intéressée. N’attendons pas les épreuves pour exprimer l’amour que la routine ou les offenses ont peut-être endormi. N’attendons pas l’absence pour regretter ce qu’il aurait fallu dire ou faire une dernière fois avec nos bienaimés. Aujourd’hui, décidons d’aimer intentionnellement !

 

Love ;*

- Vi

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